Songs and tweets and thoughts

Ca fait quelques mois que Lana del Rey traine sa langueur dans ma tête.
Quelques mois à me faire miroiter un monde où les stars déchues ont toutes un bras secourables pour soulever leur carcasse, ivres d'anorexies et d'anti-dépresseurs. Des heures passées à me rêver en liberty bleu ciel, à danser dans l'imaginaire de Sofia Coppola, bercée par un amour tendre.
Tout ça pour éviter de croiser le regard de la réalité, cette petite connasse qui ne manque pas de t'accueillir au réveil avec son cortège de doutes et d'angoisses.
Du coup je me moque gentiment de Lana del Rey, ça m'occupe le sens de l'ironie.



Mais le quotidien a ça de taquin de ne jamais laisser le temps de baisser les yeux sur le fait qu'on ait baissé les bras.
Donc oui, hein, au cas où vous vous poseriez la question, j'ai vu des heures plus glorieuses. Mais si ça vous motive, il y aura un ou deux .gifs rigolos et peut-être même quelques tournures de phrases pour vous remuer les zygomatiques.

Donc qu'entends-je par baisser les bras si ce n'est la dure réalisation que les quelques jours qui se sont écoulés depuis la dernière fois que j'ai écrit se sont mués en semaines, mois, prout prout tagada tsoin tsoin ? Avec tout le temps passé sur facebook plutôt que devant l'un de mes 3 projets avortés, j'ai découvert cette vidéo issue d'un discours d'Ira Glass (le cousin de Philip, mais surtout, un extraordinaire animateur de radio). Voyez plutôt :


Ira Glass on Storytelling from David Shiyang Liu on Vimeo.

Et, effectivement, personne ne dit à qui commence à se lancer dans une création artistique quelle qu'elle soit combien se sera difficile. Ou plutôt si, on vous dit que "ce sera difficile", mais jamais plus. Personne ne parle de ces textes trop ampoulés, chargés d'adjectifs et d'émotions faciles. Personne ne vous dit que vos pensées, une fois retransmises sur le papier n'auront l'air que de vagues balbutiements pré-pubères. De plus, il faut bien constater que le jeunisme ambiant fait rage et que les années qui passent n'ont rien de tendre avec ce que l'on aurai aimé être "notre œuvre de la maturité".
Il ne fait pas bon s'esquinter les genoux sur les trottoirs des débuts.
Surtout qu'ils sont parfois longs.
A vrai dire, plus on met de temps à enlever les roulettes, plus le trottoir est long.

Donc, à l'heure où je me bats avec le poil grandissant dans ma main avec autant d'efficacité que ce chat contre l'air ;



Je me suis aussi fait une petite réflexion.

J'ai eu la chance de passer pas mal de temps récemment avec une petite fille de 10 ans.
Je passerai sur tous les adjectifs ô combien laudatifs que je pourrais avoir à son endroit, cela ne vous intéresserait que mollement. Cependant, la caractéristique de cette enfant était, outre une sacré vivacité d'esprit, un sens aigu de la curiosité.
Et c'est là que ça m'a frappé.
Étions-nous si éveillés que ça à 10 ans ? Même si je me rappelle avoir toujours eu la vague sensation que certains de mes congénères étaient vachement plus vifs que moi sur les choses de la vie (j'entends par là aussi la propension à répondre à toute forme d'autorité sans rougir), je ne me rappelle pas que nous ayons été si débrouillards.

Alors, c'est sûr, lorsque j'étais enfant, internet n'existait pas encore. Pour arriver à en connaître plus sur les relations homme/femme, le 3615 Skyrock était ce qu'on avait de mieux. Ça, ou la bibliothèque municipale, enfin, les murs de ses toilettes.
Chaque génération voit la suivante arriver avec ses peurs et ses projections, "Mon Dieu, comment vont-ils grandir dans ce monde dont nous ne savons même pas que faire ?".
Mais en même temps, notre propre génération, récemment renommée génération Y, s'est caractérisée par une certaine incapacité à se confronter à la réalité. Nous sommes la génération qui peut compter en MOIS le nombre d'heures passées devant des séries télés, celle qui est plus à l'aise avec l'orthographe des consoles ou des jeux vidéos qu'avec des mots de plus de trois syllabes. Nous sommes aussi la génération qui peut assouvir sa curiosité grâce au bon vouloir d'un pouce et d'une connexion wi-fi (pour les pauvres). Nous sommes donc ce type de parents.
Des parents cools, des gens ouverts qui portent des basquets et emmènent leur marmots en festival.

Que reste-t-il alors comme espace de découverte personnelle à un enfant qui aura été bercé au Pixies et qui rigole devant les blagues de Bref ?

Nous faisons comme nos aînés (dont les propres réflexions personnelles sur l'éducation nous ont mené là) ; nous éduquons nos enfants comme nous aurions aimé que nos parents nous éduquent. Aussi, force est de constater que dans certains cas l'extrême ouverture d'esprit de ces petits cerveaux aussi avides de savoir que perméables est... flippante.



Mais à qui la faute ? Le principe même de l'être vivant est une perpétuelle évolution.
Alors quand nous insufflons des notions d'ironie à nos enfant dans leur premiers films (Shreck, le chat Potté, Moi Moche et Méchant et j'en passe...), nous leur faisons découvrir très tôt les vertus de la répartie. Et nous en sommes contents. Qui voudrait d'un enfant poupée, un petit fayot pour lequel on finirai par avoir de la peine, voire même, mais ne le disons pas trop fort, un peu de pitié ? Pour autant, à côté de ça, l'abrutissement facile n'est pas loin. Il suffirait de les laisser regarder la télé, un "Tellement vrai" par ci par là et hop ! Le sens critique de l'enfant s'envolerait comme une petite culotte sur un plateau de télé-réalité.

Nous sommes donc une fois plus coincés au milieu, le cul entre deux chaises, à devoir éviter de reproduire les erreurs de ces béta-testeurs qu'étaient nos darons et apprendre à vivre sans nos premières phalanges, la peur et l'angoisse de voir nos enfants devenir trop vaniteux pour réaliser qu'ils ne savent pas tout ayant eu raison de nos ongles.

Bordel, c'est pas encore maintenant que je vais virer mon implant.


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