And I hit the road as much as it's eating me




Si j'ai laissé la semaine dernière sur une note douce-amère, vous serez ravis d'apprendre que cette semaine le paysage qui fut mon décor m'a donné plein de raisons de sourire.
Tout d'abord parce qu'on rentre de plain pied dans l'automne. Le vrai.

Et l'automne est ma saison préférée. Peut-être est-ce dû à sa lumière, aux couleurs qui se contrastent de plus en plus en même temps que le temps s'humidifie et que les pulls sortent doucement des placards.
A l'automne, l'humain de base sent qu'il s'apprête à hiverner, se rapprochant subrepticement de l'autre, que ce soit histoire de trouver une bouillotte plus rigolote pour l'hiver ou tout simplement parce que le coeur a besoin de bras plus que de draps. C'est une saison à écouter du Bon Iver, en rêvant des fruits déguisés qu'on préparera dans quelques mois devant l'inusable Charlton Eston et ses « 10 commandements ». C'est la saison où il n'est pas encore trop désagréable de se ramasser une rabasse lors de son jogging dans le parc, puisqu'on peut encore se planquer sous les feuilles et admirer la couleur mordorée des marrons.
C'est la saison de Baudelaire, la musique des feuilles rouges, la langueur de la journée qui a l'air de s'arrêter alors qu'il n'est que 16h.
Pour plagier Donovan, c'est la saison de la sorcière.



Et en parlant de sorcière, j'ai eu une idée complètement débile la semaine dernière.
Je me suis dit que ce serait vachement marrant de mater un film d'horreur bien flippant juste avant de passer une semaine seule et sur la route.
Oui, vraiment, c'était une super idée de mater « Paranormal Activity » samedi dernier.
Si vous êtes passés à côté du battage médiatique qui a entouré la sortie imminente de ce film dans nos salles, vous trouverez une idée de la bande annonce là :

http://www.youtube.com/watch?v=F_UxLEqd074

Bon, en soi, il n'y a pas de quoi casser 3 pattes à un canard avec ce mignon petit couple du Texas qui s'installe dans une super baraque. Enfin, maison qui serait vraiment super s'il ne s'y passaient pas des trucs de plus en plus flippants.
Soyons honnêtes, l'histoire en elle-même peut assez facilement se laisser raisonner. Tout comme ma mère avait démonté le projet Blair Witch en une seule phrase : « tu crois vraiment qu'au bout de trois jours en forêt, si c'était vraiment un vrai film, elle aurait les cheveux aussi propres ? », « Paranormal Activity » comporte suffisamment d'incohérences pour arriver à se dire assez vite que tout ça n'est que du cinéma. Ce qui est réellement flippant, c'est l'atmosphère que ce film finit par faire glisser en vous. Même lorsque l'écran est devenu noir.
Il s'agirait peut-être de la 52eme image, procédé d'image subliminal qui arrive à imprimer dans votre cerveau endormi par la visualisation passive du film une information ou une sensation, ici, vous l'aurez compris : la peur.
C'est sans doute ça.

Ou alors, je suis une fiotte.

J'en étais donc là de mes conclusions lorsque je me suis réinstallée derrière le volant de la clio campus blanche de compète mardi dernier. Je vous le dis tout de go, c'est super sympa de prendre le volant en pleine nuit, évidemment seule, sur de petites routes de campagne absolument pas éclairées et limite indiquées par le GPS. Surtout quand l'autoradio décide de grésiller et de ne passer en clair que des mots type : seule, horreur, mal, peur, effrayant, Johnny Halliday...
Oui messieurs dames, je suis une trouillarde de première, particulièrement superstitieuse et affublée d'un sens du paradoxe qui me pousse regarder des trucs qui m'empêcheront de dormir pendant trois mois. Après tout, le sommeil, c'est si surfait !

Heureusement, après 3 éprouvantes heures de route, ponctuellement égaillées par la description de ma situation sur facebook, j'ai eu la chance de retrouver une connaissance fort sympathique rencontrée lors d'un mariage cet été. C'est pratique pour ça d'avoir reçu une ablation de la pudeur à la naissance ; danser comme une guenon en furie sur Nancy Sinatra vous rapproche de plein de gens et permet à beaucoup de relativiser leur sens du ridicule.
Résultat, j'ai évité de passer la soirée seule à L'Ibis de Montargis, par ailleurs fort beau




Mon pote m'a emmené dans un petit restaurant très sympathique dont la spécificité est de n'utiliser que des produits locaux et bio et des serveuses débutantes. Ce n'est sans doute pas très charitable, mais j'ai réprimé un petit rire quand la jeune fille qui nous servait nous empruntait la carte pour noter consciencieusement tous les plats commandés, en rajoutant des petits coeurs sur les points des « i ». Ceci mis à part, la cuisine est bonne



Et le vin itou.
Mais je vous avouerai que ce qui a surtout fait le grand charme de ce restaurant, c'est sa carte des boissons de fin de repas



Pour le coup, ça mérite des coordonnées :

Oh terroir
44 rue Jean Jaures
45200 Montargis
02 38 89 07 57
www.ohterroir.com


C'est donc après avoir passé une excellente soirée et, un peu trop avinée pour que ma motivation d'aller courir avant de reprendre la route des enquêtes le lendemain matin soit sincère que je suis rentrée dormir à l'Ibis montargeois. Enfin, dormir, c'est un bien grand mot.
Le vin blanc et ma trouille aidant, j'ai bien dû fermer les yeux à 3h30 du matin...
Ce qui m'a largement laissé le temps de me taper une demi-saison de scrubs et l'excellent film « la journée de la jupe » avec une Isabelle Adjani boursouflée mais époustouflante.
Sauf qu'époustouflante ou pas, le lendemain, j'étais à peu près aussi fraîche au réveil que des bulots de cantine industrielle. Et passer un petit déjeuner avec Nostalgie n'aide pas, croyez moi, quelle que soit votre quantité de café.

Là où je me suis dit que la journée allait être dure, c'est lorsque j'ai découvert l'état de ma voiture, judicieusement garée la veille sur un parking gratuit et ombragé. L'ombrage, pour le coup, c'est moi qui l'ai pris en pleine poire lorsque j'ai vu ça :


Fucking birds

Une dizaine de lingettes et une centaine de jurons plus tard, j'ai repris la route. En retard.
Et vous l'aurez sans doute déjà constaté par vous même, lorsqu'on commence la journée en retard, il est extrêmement difficile de le rattraper. D'autant que l'un de mes agriculteurs avait mal noté son rendez-vous et m'attendait avec une heure d'avance. Ce n'est pas que je veuille absolument lui rejeter la faute, mais j'ai vérifié dans mes 2 agendas, je devais bien débarquer chez lui entre 10h30 et 11h, pas 10h.
Bon, certes, je suis arrivée à 11h20. Mais quand même !

Après ça, allez trouver une boulangerie ouverte dans le Loiret un 11 novembre ! Je suis arrivée livide et en pleine hypoglycémie chez l'un des types les + étranges de mon parcours. Gentil, mais quand même. Lorsqu'il a sorti son pendule pour comprendre mon état, je vous promet que j'aurai préféré qu'il ouvre le frigo. Ce qu'il fit (chouette !) tout en me parlant de ses vacances dans des camps naturistes (moins chouette) en rajoutant que vu ma morphologie, je ferais bien de manger, qu'il avait l'habitude de deviner les formes sous les vêtements...
J'aime mon métier.

En rentrant à l'hôtel, j'ai quand même eu une surprise puisqu'une personne qui m'est chère est venue me rejoindre avant d'embarquer pour un mois en Iran. Je vous promet qu'après une journée pareille, ça réchauffe le coeur de ne pas passer la soirée seule devant canal.
Et pour le cafard, on n'a encore rien trouvé de mieux que des bras.

Néanmoins, le lendemain, il a bien fallu repartir.
Direction la Seine et Marne, où deux jeunes agriculteurs utilisent le produit pour lequel je réalise l'enquête. La route est longue et, comme une cruche, je n'ai toujours pas pris de sandwichs. J'ai faim.
Et le paysage ne fait rien qu'à me narguer !



Heureusement, la route est belle et riche de découvertes pittoresques :



Ca fait rêver, non ?

Et au détour d'un petit chemin, voici ce qui borde le cimetière :




Samedi matin, j'ai fini par rentrer chez moi. Explosée de fatigue, et consciente qu'il allait falloir que je reprenne le train le soir même pour faire la fête à Paris. En effet, j'ai fait office de caution amicale à l'anniversaire du mec de ma meilleure amie. Histoire de trouver un restaurant à la mesure de son charme irlandais, mon amie amoureuse avait réservé au « poêle deux carottes ».
Et pour tout vous dire, bien que nous ayons attendu les amis de l'anniversé pendant une demi-heure (les joies du garage parisien !), la soirée fut délicieuse, tout comme le tartare de saumon.
Alors, si vous êtes dans le 10e arrondissement, et que vous n'avez rien contre les roux, passez faire un tour rencontrer François, le co-patron aux maximes optimistes.



Poêle deux carottes
177 quai de Valmy
75010 PARIS
Tel : 01 46 07 69 40
http://poele2carottes.chez.com/

Pour finir la soirée, on s'est retrouvés comme des buses devant l'Elysée Montmartre, envahi par de jeunes chalalas à peine pubères pour la soirée « we are the 90's ». Buses parce que nous n'avions pas réservé, que c'était complet et que nous avons trouvé prohibitif d'acheter des places 25 euros au marché noir.
Je me suis quand même sérieusement demandé comment des jeunes étant nés dans les années 90 pouvaient autant apprécier Corona et Real 2 Real. C'est vrai quoi, merde ! S'ils nous piquent ça aussi, qu'est-ce qu'il va nous rester pour nous faire oublier qu'on se rapproche inexorablement de la trentaine, hein ? Retourne à midi les zouzous sale jeune !

Pourtant, si ce n'est pour ce petit plantage, la soirée fut :




La semaine s'est achevée.
J'aurai dû écrire plus régulièrement pour faire des billets plus courts.
Dr House est toujours amoureux de Cudy.
J'ai un peu moins la trouille toute seule.
Mes amis sont chouettes et me font bien rire.
A.J. Jacobs a sorti un recueil de ses expériences pour Exquire délicieux à lire (« the guinea pig diaries »).
Les amoureux se bécotent sur les bancs publics, même mouillés.
Il serait bon que je sois moins jalouse du succès de mon amie Elise, partie squatter Portland avec Pénélope B.
Je ne sais toujours pas ce que je veux.
L'Iran c'est loin et un mois, c'est long.
J'angoisse à l'idée de refaire un cours de cardio avec Clotilde et être incapable de me relever pendant trois jours.
J'ai 50 agriculteurs à voir en 1 semaine et demi en Côte d'or.
Mon chat dort de nouveau avec moi.
Les gens au quotidien me font sourire, tendrement.



Bonne semaine à tous.

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