Si Dieu m'avait créé moins futile, j'aurais peut-être moins de trucs à dire mais plus de temps pour ne rien faire

Partons d'un constat simple : pour aller d'un point A à un point B, tant qu'on n'a pas encore trouvé le moyen de se téléporter, il est préférable de porter des chaussures.
Ce simple postulat engendre depuis des siècles le drame de toute une frange vaine, futile, et sans aucun doute incroyablement gâtée de la population.
Dont je fais partie.
Si.
Nous y voilà, donc. A deux mois de mon irrésistible ascension de la grosse pomme, je m'insomnise dèjà pour savoir quelle paire de gaudasse je vais bien pouvoir chausser.



Certes, que n'ai-je de temps perdu à regarder Sex & the city en me demandant comment il était décemment possible de porter des talons de 12 pour aller à une garden party, comment oser arborer des escarpins à bouts pointus alors qu'on n'a pas encore 45 ans et comment oser se hisser sur des talons compensés alors qu'on n'en a plus 15 ?
Mais de compensée, je suis passée à compassée lorsque j'ai du me rendre à l'évidence, la chaussure parfaite n'existe pas et j'allais devoir faire un choix, celui du style ou du confort.
Ciel, j'en pleure d'avance.

Cependant, avant de me jeter à corps perdu dans ce douloureux dilemme, une petite question s'impose : pourquoi est-ce qu'on, OK ; je, me prends autant la tête pour quelque chose de bien sommaire et inutile à l'échelle mondiale me direz-vous ?
Parce que, pour peu que vous ayez retenu quoi que ce soit de Forrest Gump autre que "la vie, c'est comme une boite de chocolat", ou "il existe 4235 manière d'accommoder les crevettes", vous sauriez qu'on peut dire beaucoup de quelqu'un rien qu'en regardant ses chaussures. Prenez le temps d'examiner les paires de pieds qui jonchent le sol de votre bus/métro/train quotidien. Vous pouvez déduire une somme incroyable d'informations rien qu'en regardant le bout de cuir qui recouvre l'ultime partie des membres inférieurs de vos congénères. Et quand bien même vous ne seriez pas capable d'en déduire ne serait-ce que le sexe, l'inconscient collectif a fait son oeuvre : rien n'est plus ridicule qu'un touriste (allemand, de préférence) chez qui la chaussette va recouvrir le mollet, le tout emballé dans une vieille Birkenstock pré-chute du mur de Berlin.

pièce à conviction n°1

C'est moche, c'est cruel pour les yeux et je suis persuadée que ça incite le vendeur de hot dog à t'entuber sur le prix du ketchup/moutarde.

Bref, la chaussure, bien que vissée au plus bas de notre anatomie, n'en est pas moins sur un piédestal dès qu'il s'agit de style général. Mais, au delà-même de cette viscérale question du style, un autre point s'impose ; qu'est-ce qui fait "couleur locale" ? Parce que, d'accord on ne va pas mettre une sandale échappée d'un film militant lesbiens du début des années 90, mais que mettre qui ne signale pas au premier junkie venu du coin qu'on sera bien infoutue d'aller porter plainte dès qu'il nous aura dépouillée (vous avez vu comme je gère en clichés ?)

Il faut donc trouver la chaussure qui va avec l'atmosphère du lieu, dans le but d'en avoir la gueule.

Mais jusqu'ici, je ne fais qu'évoquer des considérations d'une banale quotidienneté (oui, être née futile est une croix que les âmes nobles ne sont pas prêtes à porter).
Qu'est-ce qui fait du choix chausseur un choix gagnant ?
Deux choses d'importance : le confort et le poids de la valise.

Le confort : parce qu'il faut se rendre à l'évidence, visiter les restes du CBGB, tourner en rond tout en haut du Guggenheim ou chasser le hipster les orteils en sang, ça a comme un goût de mercurochrome et de déception. Ce qui fait cher le goût amer quand on pense au prix du billet, non ?

Cool Cats

Le poids de la valise : soyons honnêtes, si je ne me prends pas vraiment la tête tous les matins, c'est en grande partie parce que ça ne me demande pas une vingtaine de minutes pour savoir ce que je vais porter pour regarder des écrans toute la journée, mais aussi et surtout parce que toutes mes chaussures sont à portée de main. Or, que faire lorsque je serai loin ? Je ne vais quand même pas emmener QUE des chaussures ? Je veux bien avoir de jolies jambes, mais quand même, ça va se voir si je n'ai que la plante des pieds recouverte.

Epic Look Showdown
C'est bien ce que je pensais.

...........


Mais alors, puisque la chaussure parfaite n'existe pas, puisque je vais quand même devoir prendre une paire de talons ET une paire de chaussures plates, puisque c'est ainsi pour la plupart des femmes depuis la nuit des temps, pourquoi est-ce que je noircis quelques lignes blogueuses ?

Parce qu'il demeure en chacun de nous le fantasme de la femme parfaite, belle et adaptée à chaque circonstance et qui fera tenir la totalité de son chic sur 2,5 kg de roulettes.
Il va donc falloir que j'accepte la fatalité :

I never knew how to travel light.
Neither have I ever been light-headed.

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