And so I watch it from afar

Il y a quelque mois de ça, j'ai pris l'audacieuse décision de quitter un emploi en CDI qui me poussait lentement mais sûrement vers l'obésité et l'apathie la plus totale, pour choisir la voie de l'incertitude. A savoir, l'intermittence du spectacle.
Un statut que l'europe, que dis-je ! Le monde nous envie, du moins, tant qu'il existe encore.
Je peux dire que c'est venu comme une envie d'uriner. Non pas subitement, mais plutôt sournoisement, s'implantant doucement en moi comme une nécessité de plus en plus vitale, jusqu'à ce que le besoin soit trop fort et qu'il faille y succomber avant de faire une bêtise regrettable. 
Ce fut un choix audacieux, certains diraient inconsidéré. Pourtant, comme je l'avais évoqué il y a quelques années sur ce même blog, on ne nous dit jamais en QUOI ce choix va être difficile.
Parfois, je reste allongé la nuit et je me demande "où est-ce que j'ai fait fausse route ?". Puis une autre voix me répond "ça va prendre bien plus qu'une nuit"

Certes, on nous dit que c'est difficile. C'est sympa, pas plus que ça encourageant, mais pas franchement clair. Qu'est-ce qui est difficile ? Des idées, on en a toujours plein la tête, les pâtes, c'est pas cher et c'est très bon avec du sel. Les amis, tant qu'on en a, tout va...
Ce qui est difficile, c'est l'absolue liberté. 
Tout cet espace vide à modeler de ses mots, de sa voix, de ses mains. Tout ça est bel et bon sur le papier, mais dans la VRAIE vie, celle du manque de motivation, qu'il soit minuit ou non, que faire de tout cet espace ? 
Il existe une heure entre chien et loup où toutes les idées semblent bonnes. Malheureusement, c'est aussi l'heure d'aller se coucher. Comme si le cerveau avait patiemment attendu que vous soyez sûre de ne pas vous relever, de ne pas ouvrir un nouveau .doc ou bien c'est le stylo qui est trop loin. 
Le fourbe.
Il doit y avoir quelque chose en nous capable d'absorber cette masse d'envie et d'idées afin de le transporter en une substance molle. Un truc loin d'être sympa et visqueux, communément appelé "paresse".




Donc, à l'heure où ma trentaine s'est aussi confortablement installée sur mes hanches que sur mon état civil, une grave constatation s'impose : il n'y a pas de moment clés dans un quotidien créatif. J'entends par là, il n'y a pas de moment où l'inspiration est telle qu'elle en devient dévorante et absolue. Il n'y a qu'une somme de petits moments où l'on réussi à lâcher la 3eme saison de The Walking Dead pour savoir ce qui se passe dans un endroit qu'on répugne à fouiller ; en soi.
Et pour combler le soi, afin d'en faire une reserve suffisamment riche pour ne pas tomber à sec, il faut quelque chose d'absolument répugnant. Il faut de la rigueur. Et rien que le mot, personnellement, m'a toujours donner envie de me terrer dans un coin.



Elle est pourtant nécessaire. Ne serait-ce que pour ce détail de taille, être prise au sérieux.
Lorsque j'ai quitté mon emploi, je travaillais comme technicienne dans l'audiovisuel. J'étais certainement la pire employée que cette boite ai pu avoir, mais j'y ai mis de la bonne volonté, du moins, au début. Ça, et une quantité industrielle de muffins citron/pavot. Lorsque je suis arrivée dans ma nouvelle fonction, en tant que chroniqueuse/comédienne, je suppose que j'imaginais la chose différemment. Mon boulot était d'être drôle et poétique. Les gens avec qui j'allais travailler allaient donc être de sacrés marrants, obligé ?
Et bien sachez qu'être drôle est certainement le boulot le plus difficile qui soit au monde et que ceux qui arrivent à s'en sortir ne sont pas franchement les plus marrants. Demandez à leur psy, si vous arrivez à les chopper sur leur yacht.

Pourquoi cette somme de constat maintenant ?
Un virus a du circuler sur les internets, mais un petit nombre d'anciennes connaissances, datant de l'époque où j'essayais vainement de me lisser la paillasse capillaire (ie : il y a loooongtemps) s'est rappelé à mon bon souvenir.
Vous savez quoi ? Elles sont toutes mariées avec enfant(s). Et j'ai même pas l'impression qu'elles aient besoin de porter des gaines (les morues). Du coup, ça me donne des sueurs froides à l'idée de devoir répondre à l'incontournable "et toi, qu'est-ce que tu deviens ?"
J'ai bien une petite idée...



Je ne sais pas si je suis encore devenue.
Non, laissez-moi reformuler.
Je sais ce que je ne suis pas encore devenue.

Mais j'ai déjà réussi à repérer l'ennemi. Si je trouve une bonne pince à épiler, je vous tiens au courant...





Commentaires

Julien a dit…
Bon, visiblement, faut qu’on se parle autour d’une tarte au citron meringuée.

Et on emmerde ta trentaine et tes hanches.

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