Pendant ce temps, à Vera Cruz...

WARNING : C'EST LONG (mais y'a des images)

NDA: Ce post est une réponse trouvée par mon cerveau embrumé pour répondre à cette éternelle question : comment participer à une soirée à laquelle on ne peut assister ? Contient de possibles traces de private joke.

Chers tous, à l'heure où une amie bisontine sort de scène pour laisser place à Jacques Higelin et que d'autres nourrissent leur cirrhose à Bourges, une petite faction de miens amis sont en train de fêter le départ de l'un d'entre eux vers de nouveaux horizons professionnels. Pourquoi donc vous raconter ceci au lieu de profiter moi aussi des libations en faisant mousser mon statut de mère nourricière de ces sus-nommés collègues ?
Vous vous rappelez avoir lu que j'étais technicienne dans l'audiovisuel ? Oui, bon, quand je vous ai dit que j'avais tout plaqué pour être chroniqueuse, j'ai un peu enjolivé la vérité... La vérité c'est que je continue à passer vachement de temps devant des écrans pour payer mon loyer de ministre saoudien. 

Comme il me faut une bonne raison de ne pas me taper la tête contre les murs de frustration, j'ai décidé de vous narrer par le menu MA soirée. Considérez que c'est un hommage au PAF. 
(Pastèque.)

22:37 : J'arrive. Mon collègue du service 13h30/22h30 m'attend. Il est suffisamment sympa pour ne pas me faire remarquer que c'est pas la première fois que je suis à la bourre. A l'écran, Morandini, Cauet et tous leurs amis pendant encore 2 bonnes heures. Où est-ce que j'ai planqué le schnaps ?



00h11 : J'ai pas retrouvé le schnaps. 
Heureusement, "le bêtisier-des-meilleurs-moments-de-la-télé-qu'on-est-trop-fresh-et-funky-c'est-pour-ça-que-vous-nous-kiffez-les-pauvres" est terminé, je vais pouvoir renouer avec mon fantasme de jeunesse ...


D'ailleurs, c'est un peu à cause de Gillian Anderson que j'ai décidé de devenir rousse. Pourvu que ça ne cause pas de complot extra-terrestre, la trame de fond d'X files autour d'ET m'a toujours saoulé. Même si c'est un état dans lequel je comptais me trouver ce soir, je suis rassurée de regarder une de ces histoires parallèles où un type mange des grosses ou un autre tombe de 7 étages et se relève avec un bleu... Quand j'avais une dizaine d'années, c'était incroyablement rebelle d'aimer X Files. Enfin, ce qui était rebelle, c'était d'arriver à tromper la vigilance de ma mère pour arriver à regarder tranquillement. Pourtant, je peux comprendre que le fait de me voir boucher systématiquement tous les conduits d'aération (de peur que Tooms m'attrape pour me bouffer le foie) ait pu lasser ma mère. Ce qui me fout les boules, c'est qu'aujourd'hui toutes les petites minettes de 20 ans fantasment à leur tour sur Duchovny. Bloody Hank fucking Moody...

C'est vrai, je suis un peu attardé, mais aussi un peu merveilleux

Mais  Merde quoi ! Bientôt des gamines de 12 ans se battront pour Jeff Buckley. Bordel : à chaque génération ses icônes ! Contentez-vous du SWAG de Justin Bieber. Laissez nous les vieux...
Tiens en parlant de SWAG, je devrais arrêter de regarder les photos de cette débauche de coolitude qui se déroule à quelques stations de métro en ce moment. Je vais finir par en vouloir aux gens de réussir à avoir une vie sans moi.
Les fourbes.

1h15 : Mulder a un imper trop grand pour lui. Scully se prend pour Saint Thomas. 
Tout est sous contrôle. 
Je vais fumer une clope.

1H30 : Je reçois un message de l'une des viles personnes en train de shaker leur booty. 
Ça à l'air d'être super select. Il y a même l'attraction animale du quartier.


Respire, tu le vis super bien. Ce n'est pas encore l'heure du téléachat. Tu ne t'es pas encore endormie. Reste calme. Ne craque pas sous la pression. Pense à des trucs cools. Tiens, bouffe ta pizza froide, ça va te faire du bien.


2h05 : Me sens grosse et ballonnée. 
J'ai oublié de mettre ma gaine.
Saloperie de pizza. 
3h11 : J'ai presque plus de café. Mauvaise gestion des ressources de survie. Je me demande comment je vais tenir jusqu'à 6h30 sans roupiller.
3h20 : Sean Paul chante au milieu de plein de pouffes jeunes filles distinguées. J'ai un mal au ventre.
3h21 : J'aurais peut-être pas dû boire autant de café.
3h23 : Le présentateur de cette émission de poker a l'air de sortir d'une animation promotionnelle au rayon charcuterie de chez Auchan. 
Je me demande si c'est normal que les commentateurs se sentent obligés de parler comme s'ils assistaient à la finale de la ligue des champions.

4h01 : Je réalise que l'idée même d'écrire ce post est motivée par un syndrome nouvellement indentifié


La peur de louper quelque chose, ou "anxiété des ratages" pour les puristes, est un de ces maux à la portée aussi dramatique que les tournantes ou le le binge drinking. Tout le monde s'entend à tabasser les réseaux sociaux, grands responsables de cette dernière tendance. Sauf que, pour peu que l'on ai l'égocentrisme prononcé, ça a toujours existé. Personnellement, l'idée que des personnes, même amies - surtout amies ! Puissent passer un bon moment sans moi m'est à peine supportable ! De toutes façons, je trouve le bonheur des autres d'une outrecuidance insoutenable.
Ce qui est quand même malheureux puisqu'il y a de sèrieuses chances que ce genre de situation se renouvelle d'ici à ce que je bouffe les pissenlits par la racine.
D'ailleurs à ce propos, je tousse comme un mineur tiré de Germinal. Je devrais peut-être retourner me fumer une clope.

4h27 : Trop cool ! J'ai droit à un fleuron du 7em art ...

5h15 : Le papier toilette a dû être une pierre ponce dans une vie antérieure.
Je me rappelle de tous les bons moments passés avec ces collègues partis. De ce langage commun, cette expérience des pires angoisses et des petits moments savoureux que seules des heures devant une cinquantaine d'écran (sans compter les QUAD) peuvent apprendre, je garde le sentiment de fugacité. Ça, et notre grande similitude capillaire. 
Nous partons tous, vers des directions différentes. C'est peut-être la peur de ne pas avoir saisi assez de bons moments qui foudroie, comme ça, aux petites heures de la nuit. Au fond, ce qui nous réunis tous dans ce métier, ce sont les expériences individuelles de chacun. Dû à la rotation hebdomadaire de nos horaires, nous avons vécu des tranches de vie que peu de gens ont eu l'opportunité de connaître. Certes, l'essentiel de ce temps nous le passons à regarder des programmes et à tenter tant bien que mal de ne pas les consommer sans resistance. Et de ce fait cette passivité active a permis à certains de tout plaquer pour la peinture, la photographie, la musique, les voyages ... Tout ça en veillant à ce que vous puissiez regarder "les cordiers juge et flics" peinards, en buvant un petit café, en profitant même des sous-titres si le D4000 ne plante pas. 
Du coup, oui, il y a une petite amertume à ne pas exulter une dernière fois, comme un chant du cygne, pour célébrer cette expérience commune.
5h31 : Youpi ! Il me reste du café !
H-1 avant la quille.

6h00 : Si ça se trouve, je me serais fait chier à cette soirée...
6h15 : Si ça se trouve, ils se sont fait chier eux aussi.
6h16 : Si ça se trouve, ils tous chopé une colique monstrueuse parce que Clément a amené du chouchen frelaté. 
6h20 : Et puis au moins, j'aurais pas la gueule de bois, moi.
6h30 : Le soleil se lève tout doucement. 
6h44 : Putain de relève, je t'attends. Bon, je vais envoyer le rapport de diffusion.

Bonne route à vous les enfants.



PS : 7h : Merde, il me faut un XHOSE  

  

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