Une cloche parmi les vaches, la suite

J’aurais aimé être régulière et écrire, au moins toutes les semaines dans ce blog à peine débuté. Oui, j’aurais beaucoup aimé. Mais la vie m’est tombée dessus et j’ai pris pas mal de retard. Voici donc un petit bout de ce que j’avais commencé à écrire. Pour la suite, je vous offrirai un condensé…

Mais tout d'abord ; Ce à quoi vous avez échappé (ou bribes de Freiburg)


























Lundi 10 août

Bon, c’est pas tout ça, mais après l’inactivité forcée de la Clio, le devoir m’appelle de nouveau. En route pour Château d’Oex. Et là, je dois avouer que malgré le temps et mon premier contrôle de police qui m’a presque autant excité que ma première boum, le trajet en vaut la peine ! Lorsque j’arrive dans la vallée, il n’y aucun doute possible, je suis bien au pays d’Heïdi (bon, la greluche des alpages vient de l’autre côté de la Suisse, près de la frontière autrichienne, mais je suis sûre que Johanna Spyri me pardonnera). Du vert, du vert, encore du vert et quelques petites maisons à flanc de montagne, tellement paumées et en pente qu’on se demande comment les gens font pour y vivre.

Et bien, j’ai réponse, ils vivent seuls. Du moins, c’est ce que leur accueil des plus… particuliers, m’a laissé croire. La première agricultrice rencontrée est pourtant l’une des plus chaleureuse que j’ai croisé, mais elle m’a bien fait sentir qu’elle était une exception dans la région et que même ses voisins étaient plutôt glacials (glaciaux ?) avec elle. En tous cas, elle a des veaux magnifiques et, peut-être comme tous les veaux, l’avenir me le dira, hyper affectueux.


Elle m’accompagne dans un petit bistrot pour déjeuner et je réalise combien la ville est enclavée par ses montagnes. Même le centre-ville est oppressant et a l’air diminué par toutes ces hauteurs.

Mais bon, pas le temps de m’attarder, j’ai encore deux autres paysans à rencontrer. Le premier vit vraiment tout en haut des collines et me fait un peu comprendre qu’il a mieux à faire qu’à répondre à mes questions. Ce n’est qu’une fois la clé de contact enfoncée qu’il se rengorge et décide de m’offrir un jus de pomme fait maison. Une chose à savoir à propos du jus de pomme bio : ne vous faites pas avoir : c’est délicieux, mais à moins d’avoir un estomac en béton ou une nourriture composée exclusivement de riz, votre système digestif risque de tirer la gueule. Mais bon, c’est si gentiment proposé… Et puis comme ça, ça retarde mon arrivée chez mon dernier exploitant de la journée juste ce qu’il faut pour… Ah ben non, j’arrive quand même en avance chez lui. Là, à l’autre bout de la vallée, une jeune femme de mon âge m’accueille, un peu endormie, un bébé dans les bras. J’apprends, avec un étonnement mêlé d’effroi que c’est son troisième enfant. Quand nous découvrons que nous avons le même âge, je ne peux m’empêcher de voir une forme de pitié dans son regard, comme si le fait que ma matrice soit jusqu’à présent restée vacante soit le signe d’un profond déséquilibre dans ma vie. Après tout, si j’avais grandi dans les montagnes, peut-être que ça me briserai le cœur…

Par contre, j’ai vu plus sympa que son jeune éleveur de bovin de mari qui me débine un peu tout au long de notre discussion et qui est le premier à avoir refusé de se faire enregistrer. Bon, ça encore, je vous avoue que je m’en tamponne pas mal, mais je ne peux m’empêcher d’être surprise et un peu gênée de voir que tous, père, mère, et apprentis clopent sur clope juste à côté du bébé, et fenêtre fermée s’il vous plait ! Sans doute le grand air des alpages compensera-t-il ces nuisances nicotinesques… Et puis, merde, je suis claquée, où est-ce que je dors moi déjà ?

Trouver l’hôtel fut moins compliqué que ce que je ne craignais, la réceptionniste m’avait juste filé une mauvaise adresse. Forte de ma toute neuve motivation sportive, je me persuade qu’une fois les 45 kilos (oui, c’est exponentiel) de bagages hissés jusqu’à ma chambre, je vais faire un petit jogging. Ah ah ah. Elle est mignonne ! Il pleut, il fait froid et je suis en mode ronchon-j’ai-la-migraine-qu’on-vienne-pas-m’emmerder.

Je me pose donc juste assez longtemps dans ma chambre pour en avoir marre d’écouter les conneries de monsieur Fred (et croyez-moi, j’ai un très haut seuil d’endurance en la matière !) et entendre mon ventre dire qu’il se referai bien une tournée de friture de perche.

Aaaah, les joies du dîner au restaurant en solitaire, je viens de me prendre la réalité de centaines de commerciaux dans la gueule en une soirée. Outre le fait que je n’aurai sans doute jamais ingurgité une telle assiette de poiscalle/frite + une énorme meringue à la crème de gruyère, (et croyez-moi, c’est un régal), si j’avais été accompagné, (ben oui, j’aurai fait moit/moit’ et j’aurais donné à ma bouée abdominale bonne conscience), je n’aurais pas eu à faire la conversation avec l’un des pires couples bourges/bobo de Zurich.

Passons sur lui dont la chaleur toute teutonne ne m’a qu’à peine permise de me rendre compte qu’il avait une voix, pour m’attarder sur elle. Oh, gentille, cela va sans dire, mais elle m’a répété à l’envie qu’elle avait beaucoup vécu à l’étranger, parlait couramment plusieurs langues et surtout, surtout : adôôôôrant Paris.

Amis lecteur qui ne connaît sans doute pas ma biographie par cœur (grave problème que ce blog a, en partie, pour but de résoudre), sache que je compte à mon actif pas moins de 21 déménagements, en bientôt 27 ans. Que j’ai donc successivement vécu en France, en Angleterre, au Canada et que j’ai beaucoup bougé à l’intérieur même de la France. Non, mes parents n’étaient pas militaires ni réfugiés politiques, ni sous le programme de protection rapprochée des témoins, comme diraient les anglais : « c’est (juste) la vie ». Et je suis née à Paris. Erreur d’aiguillage, certes, mais je connais quand même un peu la ville pour y avoir fait quelques études et, une chose et sûre : j’ai horreuuuur de Paris.

Qu’on se comprenne, je n’ai rien contre les musées avec plein de belles choses à voir dedans, les boutiques (rhaaa, les boutiques, là c’est mon porte-monnaie qui a horreurrrr de Paris), ou encore la possibilité de se gaver de sushis à 2 h du matin, non, ce n’est pas ça. C’est tout le reste ; la morosité qui vous gagne comme un mauvais brouillard vous rentre dans les os un matin de novembre, la nécessité de ne plus regarder cette femme qui fait la manche avec son gamin sur les genoux dans le métro parce qu’au bout de la 13eme en 4 jours, on n’a plus le cœur à rien. Même les boutiques, et Dieu sait que je suis une acheteuse compulsive, mais ces boutiques, pleines de rêves, de choses, d’envies, en bref : d’inutilité qu’on vous fait payer le prix fort parce que ça vient de Paris et que vous êtes assez con pour y accorder de l’importance, ne font que vous rattacher à une basse matérialité qu’il est plus facile d’endiguer lorsqu’on ne l’a pas sous les yeux à longueur de journée. Certes, il existe des personnes capables de gérer tout ça. On va juste dire que je n’en fais pas partie, que c’est loin d’être un drame. Mais ! Qu’on ne vienne pas me faire l’apologie de Paris en me regardant comme une vulgaire souillon inculte, pire ! Une « provinciale », parce que j’expose mon point de vue.

C’est ce que ma bobo importée ou exportée et très certainement liftée à fait et m’a donné envie de prendre les jambes à mon cou. Ce que je fis.

A partir d’ici, lecteur, plusieurs mois se sont écoulés entre les évènements et leur récit, tu vas donc souffrir d’avoir un peu moins de détails précis. Et tu le vivras très bien, tu vas verras !

Mardi 11 Août

Direction Yverdon. Ville thermale par excellence, je ne suis pas fâchée de quitter l’enclave physique et intellectuelle des gens de Château d’Oex. Rencontre avec M. R., l’un des plus fervents partisan de la boite pour laquelle je réalise l’enquête. L’homme est sympathique, chaleureux au possible et très enthousiaste. Très enthousiaste… Trop. Il. Me.Gonfle ! A fond dans les cycles lunaires, sûr d’avoir trouvé la réponse à tout et d’avoir, lui, lui tout seul, trouvé la réponse aux maux de l’agriculture. Il ne doit même pas s’en rendre compte, mais d’enthousiaste, il est passé à « je-sais-tout » et de « je-sais-tout », à prétentieux. Bon, ce n’est pas sa faute et après tout, tant qu’il est heureux… mais il m’épuise et me laisse à peine le temps d’admirer les jolis ânes, paisibles et un peu mélancoliques des éleveurs suivants.


A mon retour, mon amoureux m’attend dans la chambre d’hôte (remplie de chats sous toutes leurs formes, même la propriétaire du lieu ressemble à un félin). Nous dînons dans une super pizzeria, et je pèse mes mots, sur l’une des places principales de la ville.


On dirait le Sud... Heu non, c'est l'Est !

Mercredi 12 Août

C’est aujourd’hui que je rencontre l’un des personnages les plus sympathiques à ce jour de mon périple agricole, M. T. Soyons honnêtes, M. T. ressemble au père Fourras. Sa femme se balade pied nus (et doit avoir plus de corne que Pan), leur petite fille joue avec les chats et je n’ai pas vu de maison aussi encombrée depuis le grenier de mon arrière grand-père. Ok, dit comme ça, je me place vraiment en supérieure et j’ai l’air de les juger, ce que je fais sans doute un peu d’ailleurs, mais j’ai jamais juré que je serai de bonne foi ou impartiale, ou objective. Alors merde. Reprenons.

M.T. ne suit presque pas du tout le protocole de la boite. Mais il sourit tout le temps. Je n’avais pas vu de personne aussi souriante depuis des lustres. Il me fait visiter son magnifique jardin qui a du abriter les jeunes amours de ses filles et accueillera je l’espère les rêves de sa petite fille. Comme tous les jardins un peu secret, il est bien protégé. Je ne me rappelle plus son nom, mais voici une photo du cerbère qui a essayé de me croquer les mollets pendant toute ma visite

Profil s’il vous plait !

Espèce de saloperie !

Dans le jardin secret de M.T, il y a des animaux qui souffrent le martyr :

Et d’autres qui sont fiers comme des coqs, heu, des poules :

Bref, un jardin extraordinaire, et des gens fantastiques


Jeudi 13 Août :

S’il n’y a pas grand chose à dire sur les enquêtes en tant que telle aujourd’hui (et c’est sans doute aussi parce que je ne m’en rappelle plus). L’évènement du jour, c’est la visite du centre thermal d’Yverdon !!!

Rhaaa ! De la flotte ! Partout ! Sous plein de formes différentes ! Depuis que je suis gamine il y a peu de choses qui me mettent autant en joie que de me baigner. J’aime nager, depuis peu et parce que je suis bien obligée d’admettre que faire du sport fait autant de bien au moral qu’aux bourrelets, mais je n’aime rien autant que faire l’épagneul dans un bassin d’eau chaude, de préférence à bulles.

Et là, pour le coup, mon amoureux et moi-même nous en donnons à cœur joie, puisqu’on s’offre même le luxe de visiter la terrasse, qui comprend un jacuzzi extérieur avec vue sur la ville, un bain japonais (de l’eau très, très chaude), deux hamams, deux saunas, une douche tropicales (une douche qui diffuse de l’eau par gouttelettes au dessus de la tête en somme) et un baquet d’eau glacée à se verser sur le corps une fois sortis du sauna (une des choses que je préfère, ça doit être mon côté scorpion, humm, souffrrrirrrr). Bref, un pur moment de bonheur aquatique ! Pour la peine, des preuves :


Vendredi 14 Août

Retour en France après quelques dernières enquêtes. Je m’arrête à Lons le Saulnier où j’ai de la famille. Ca tombe bien, c’est pique nique géant le lendemain à l’occasion du 15 août. Oui, chez nous le 15 août ne signifie pas qu’on a un jour de vacance comme ça, au milieu des vacances, mais bien l’ascension de la vierge au paradis. Et oui, chez nous, c’est un peu catho, mais rassurez-vous, si ce n’est pour les messes de 3h en catalan à Noël ou mon incapacité viscérale à dire aux gens lorsqu’ils me font du mal ou à penser que je suis vraiment quelqu’un de bien, j’en ai gardé très peu de séquelles. Ah, et quoi que je fasse, le cuir sur moi fait mauvais genre. Je ne suis pas sûre que ça ai quoi que ce soit à voir avec la religion, surtout si on regarde l’exemple du père Gui Gilbert, (vous chercherez), mais il me semblait important de le préciser.

Donc, pique nique géant en famille

Promis, avant que je ne prenne les photos, il y avait des gens sur les chaises…

C’est donc la fin de mes rencontres suisse. Mais rassurez-vous, pas la fin de tout pour autant !


Commentaires

Articles les plus consultés